Un casque de vélo à l’allure hilarante offre un aérodynamisme digne d’une balle… Mais cela en vaut-il la peine ?

« Quand vous verrez à quel point il est rapide, vous ne rirez plus », déclare Jonas Vingegaard, que l’on voit arborer le casque Aerohead II. Toutefois, ces gains de vitesse ont une contrepartie : on finit par avoir l’impression que quelqu’un a conçu un casque Daft Punk pour les licornes. Et je suis très charitable.

Le cyclisme professionnel, comme tout sport de compétition, est une danse constante entre l’innovation et la tradition. Si l’esthétique a souvent un certain attrait, la fonction règne en maître, d’où cette vidéo virale d’un homme qui s’allonge à plat ventre sur sa bicyclette et dépasse tous ses adversaires. Ici, chaque élément, du cadre et des roues aux vêtements du cycliste et même à sa posture, est méticuleusement optimisé pour gagner de précieuses secondes dans la poursuite de la victoire. Les casques, cependant, ont traditionnellement occupé un espace quelque peu unique, équilibrant la sécurité et l’aérodynamisme et conservant une forme familière et arrondie. L’Aerohead II repousse toutefois les limites de l’aérodynamisme à un point tel qu’il mérite d’être discuté sur un blog de design. Ce design unique se concentre uniquement sur la réduction de la résistance au vent et redéfinit l’avenir des casques de contre-la-montre.

Concepteurs : Giro et Team Visma

Développé en collaboration avec l’équipe de course néerlandaise Team Visma/Lease a Bike, l’Aerohead II semble sorti d’un tableau de vision futuriste. La caractéristique la plus frappante est le « cône de nez » (oui, bien sûr) en forme de coin, long et indéniablement non conventionnel, qui s’étend loin devant la tête du cycliste. Ce choix de conception, associé à une section arrière effilée, vise à créer un profil lisse et aérodynamique, minimisant la traînée causée par la tête et le cou du pilote.

Si l’apparence du casque peut en déconcerter certains et inspirer de méchants mèmes, son utilité est indéniable. Les contre-la-montre sont des courses contre la montre, où la moindre réduction de la traînée peut se traduire par un gain de temps significatif. Contrairement aux casques traditionnels conçus pour les déplacements quotidiens, l’Aerohead II donne la priorité à la vitesse pure, ce qui en fait un outil spécialisé spécialement conçu pour répondre aux exigences uniques du contre-la-montre.

Il convient de noter que l’Aerohead II n’est pas le premier casque aérodynamique destiné aux cyclistes. En 1986, l’Aerohead original de Giro, conçu pour le cycliste Greg LeMond, l’a aidé à remporter le Tour de France. Cependant, l’Aerohead II va encore plus loin en adoptant un design plus extrême et en incorporant une visière plus large et enveloppante pour améliorer la visibilité lorsque le cycliste est en position basse et repliée, ce qui est essentiel pour un aérodynamisme optimal.

Le casque a déjà subi des tests approfondis et a fait ses débuts en compétition lors du contre-la-montre d’ouverture de la prestigieuse course Tirreno-Adriatico en Italie. Si certains coureurs ont pu être initialement surpris par le design non conventionnel, Mathieu Heijboer, responsable des performances de l’équipe Visma/Lease a Bike, rapporte que l’accent mis sur les performances les a rapidement convaincus. Heijboer déclare : « Les cyclistes ont un peu levé les yeux au ciel lorsqu’ils ont vu le casque pour la première fois, mais cela n’a pas duré longtemps. Après quelques tests et après avoir constaté les gains, tout le monde a été rapidement convaincu.

Au-delà de son impact immédiat sur le monde du cyclisme professionnel, l’Aerohead II soulève également des questions intéressantes sur l’avenir de la conception des casques en général. Des principes aérodynamiques similaires pourraient-ils être incorporés dans les casques de cyclisme de tous les jours, offrant des gains marginaux aux cyclistes amateurs ? Ou bien l’accent mis sur la vitesse pure restera-t-il exclusif au domaine de la haute performance du contre-la-montre ? Seul l’avenir nous le dira, mais d’ici là, passons un peu plus de temps à réfléchir à la manière de concevoir ce casque pour que son porteur ressemble moins à une tête de phallus ?

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